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Après le rendez-vous historique de Copenhague, un plan climat territorial pour Calais ? Chiche, Madame la Maire !




Christian300.jpgLa conférence de Copenhague a cristallisé médiatiquement la prise de conscience collective de l'urgence climatique. Mais au-delà, chacun sent bien que la vraie et seule question posée, c'est celle du modèle unique de développement. Le modèle du déséquilibre entre les riches et les pauvres, le modèle de l'hyperconsommation, de la production exponentielle de déchets, de la dégradation des ressources naturelles, du gaspillage, de la mondialisation. Si tous les Terriens vivaient comme le font les pays du Nord, qui ne sont pourtant pas épargnés par la misère et la pauvreté, il faudrait l'équivalent de 4 planètes !!! Et la moitié des richesses du monde est possédée par les 2% les plus riches !

Pour réduire vraiment nos gaz à effet de serre, au-delà des solutions les plus farfelues qui, comme se le font croire certains, pourraient nous permettre de continuer comme si de rien n'était (parapluie spatial, enterrement du CO2 etc), la piste la plus raisonnablement accessible est sans aucun doute celle de la sobriété énergétique, de la fin du gaspillage surtout dans un pays qui est au top de la consommation d'électricité et de pétrole. Tout le monde le dit, on sait à peu près ce qu'il faut faire, mais qui le fait ?

C'est au niveau local que se jouera la modification individuelle et collective des habitudes et des mentalités. Nourri d'une volonté politique forte, le local peut être le moteur de ce défi historique. Et être créateur d'emplois. Plein de pistes sont à valoriser, c'est le moment, pour une collectivité d'avant garde, même petite, de mettre en place un véritable plan d'attaque, un plan climat territorial... sans grever les finances locales. C'est de toute façon un investissement sur l'avenir.

Lutter contre le réchauffement climatique, c'est :

* Lutter contre l'étalement urbain. En déménageant les équipements principaux loin du centre-ville (hôpital, cliniques, centres commerciaux, facs etc), comme on l'a fait ici, non seulement on vide les centres-villes, mais on augmente de 40% la dépendance à la voiture particulière. Il faut reconstruire la ville sur la ville, la densifier. Ça rentabilisera les transports en commun, ça dissuadera de la voiture, et ça coûtera moins cher en aménagement (routes, réseaux). Est-il encore tenable de faire croire que la voiture va continuer de se développer, alors que certains chercheurs disent déjà que nous devrons avoir réduit notre consommation de pétrole de 9% d'ici... 15 ans ???
o Reconvertir une bonne partie des budgets astronomiques dédiés aux réfections de routes sur les autres modes de déplacement. Prioriser la réfection des rues fréquentées par les bus (voirie d'agglo) et celles ayant une grande accidentologie;
o Développer fortement les transports en commun, y compris en site propre;
o Développer un réseau de pistes cyclables s'appuyant sur l'existant;
o Développer l'écomobilité scolaire (aller à l'école à pied et à vélo);
o Cesser de penser les projets d'aménagement en ne prenant que le point de vue des automobilistes (à Calais, pas de zone piétonne, peu de zones 30...)

* Lutter contre la hausse inexorable du niveau des mers:
o Obliger tous les interlocuteurs à prendre des engagements sur les mesures de prévention, comme le font les Belges et les Néerlandais. Bien qu'étant dans la même situation qu'eux (certains endroits chez nous sont sous le niveau de la mer), ici rien n'est prévu. Et ce qui s'est passé en Vendée nous guette pourtant ! Que devient le beau schéma du port 2015-2030 qui ignore le problème ? Que devient la centrale nucléaire de Gravelines les pieds dans l'eau ? Les Wateringues (J. Shepman ) ont tiré la sonnette d'alarme, sans succès ! Taper sur la table si besoin est !
o Initier un réseau de communes ayant les mêmes problèmes (Dunkerque, Gravelines etc...)

* Inciter financièrement et pédagogiquement les citoyens vers :
o Instituer des aides d'agglomération aux particuliers et entreprises qui souhaitent passer au solaire ou à l'éolien;
o Impulser et accompagner les entreprises qui veulent engager une démarche visant à ce que leur personnel utilise moins la voiture (PDE, favoriser le covoiturage, les bus et ie vélo). Cela peut permettre par exemple à une famille de se passer d'un véhicule sur 2. Où en est le PDE de la ville initié en 2007 ?

* Faire des économies d'énergie :
o Mettre en place dans tous les bâtiments municipaux des dispositifs économes en énergie (éclairage naturel, chauffage, variabilité à l'exposition etc...)
o Construire des bâtiments aux normes HQE (quid de la rue de Toul ??)
o Exiger un tri sélectif plus performant (écoles notamment)
o Agir sur le logement collectif, social existant comme neuf

* Devenir producteur (non anecdotique) d'énergie renouvelable :
o Une collectivité peut parfaitement le faire, en investissant fortement sur plusieurs années, mais en récolte les fruits ensuite. A ce propos, où en est le projet de champ maritime éolien initié aussi en 2007 ???

* Développer la ville « verte et solidaire » et relocaliser l'économie par la création d'un réseau de « proximité »
o Développer une ceinture verte autour de la ville, consacrée à la nature, aux loisirs et au développement d'une agriculture de proximité : multiplier les jardins de type « ouvriers », avec formations au bio, les mettre en réseau, favoriser l'implantation d'AMAP permettant à terme de pouvoir alimenter les cantines en produits bio locaux. Des dispositions dans les marchés publics existent ;
o Entretenir et protéger les marais. Où en est le projet de Colombier-Virval initié de 2004 à 2007 ???
o Encourager et développer la tenue de marchés de produits locaux dans les quartiers ;
o Créer un forum d'Economie Solidaire pour mettre en réseau tous les acteurs locaux de l'économie sociale et solidaire, vous savez, cette économie associative et coopérative qui ne cherche pas un créneau pour produire du jetable mais qui valorise les hommes et le travail plus que le profit facile. Ils se connaîtraient ainsi mieux et pourraient échanger leurs différents services ;
o Créer, en centre ville, un lieu collectif central et identifié où seraient situés tous ceux qui veulent vendre ou échanger des objets d'occasion, une sorte de bourse d'échanges (recycleries, épicerie solidaire, vendeurs à petits prix etc...), de brocante permanente. Prenons la « crise » au rebond. Cela ne manquerait pas de donner de la vie au centre-ville...
o Avoir une attitude de soutien mesuré mais clair aux réfugiés politiques auxquels succéderont bientôt les réfugiés... climatiques !

Tout ce qui va dans le sens de moins de déplacement, moins de dépenses, plus de local et plus de solidaire contribue à lutter contre le réchauffement climatique. Toutes ces mesures sont réalisables et quantifiables en terme de bilan carbone.

Il suffit d'en avoir la volonté politique et de réorienter ses choix en conséquence... Les citoyens y sont plus prêts qu'on ne le croit. C'est d'exemple à suivre qu'ils ont surtout besoin. Ce qui relève parfaitement selon moi du rôle d'une collectivité.

Christian Louchez

Délégué départemental Cap21