vivre_autrement.jpgExtrait : "le livre de Corinne Lepage nous convie aussi à Vivre autrement. Le verbe, ici, est moins sombre et la confiance en l’avenir plus techniciste. L’ancienne ministre de l’Environnement (de 1995 à 1997) n’hésite pas à tirer à boulets rouges sur la classe politicienne dont elle souligne «l’insignifiance», mais aussi sur les consommateurs «parfaitement passifs», nourris «aux mamelles de la peur et de l’abêtissement», sans oublier les lobbies qui ont noyauté les lieux de pouvoir

D’après elle, ni la poursuite de la croissance ni la décroissance n’est souhaitable, même si, reconnaît-elle, «nous sommes entrés, si ce n’est dans un système, au moins dans une logique de décroissance, voulue ou subie par les pouvoirs publics». Elle préfère parler - pour ne pas heurter ? - d’une «évolution soutenable». Elle en appelle à l’économie circulaire, basée sur le recyclage et la parcimonie, l’économie de fonctionnalité, consistant à acheter du temps d’utilisation plutôt que des produits, l’économie de service. Elle évoque le capitalisme naturel, concept développé à la fin des années 90 par l’Américain Amory Lovins, qui ajoute, au capital financier, le capital naturel, le capital social et le capital culturel.

Lotus. A part le fait que le temps presse et que les dirigeants n’ont toujours pas pris la mesure des changements à engager, pourquoi pas ? La société de transition dans laquelle nous convie l’avocate est aussi une société technologique, efficace, où le système énergétique est décentralisé et où l’industrie s’inspire sans compter de la nature. Biomimétisme, biomorphisme et bio-assistance sont des voies insuffisamment explorées par les industriels. Ainsi, il n’existe pas assez de produits comme le Lotusan, une peinture extérieure très résistante inspirée de la configuration des feuilles de lotus. Nourriture, logement, transport, éducation, travail, les vieilles recettes sont devenues indigestes et l’humanité n’a plus qu’à imaginer son avenir. Par exemple en inventant l’université du futur, virtuelle, sans obligation de classement, ouverte constamment et capable de rembourser les étudiants s’ils sont toujours sans emploi six mois après leur diplôme. Chiche ? C’est à la limite trop convaincant pour être vrai. Pourquoi Corinne Lepage ne parvient-elle à irriguer le Modem, son parti de raison, avec de telles idées ?"

Source : Libération.fr