Vendredi 17 décembre 2010, la première réunion publique sur le projet d'écoquartier « Descartes-Blériot » a réuni beaucoup de monde.


descartes.jpgJ'y suis intervenu pour interroger sur la finalité du projet. En effet, le concept d'écoquartier vise la réduction de l'empreinte écologique * et développe en amont des stratégies (énergie, eau, transport, etc) afin de les décliner en cahiers des charges et en cibles techniques dans chaque domaine.

Le projet n'est pas finalisé, d'où l'importance de cette première réunion. Qui dit écoquartier dit par exemple interrogation sur les matériaux de construction (le bois au lieu du PVC, de récupération locale ou labellisé FSC **), toitures végétalisées qui évitent la déperdition de chaleur par les toits et qui favorisent la présence de la biodiversité en milieu urbain, récupération des eaux de pluie pour les toilettes et le jardin (je trouve scandaleux, au regard de la problématique de l'eau pour les générations futures, de continuer à utiliser de l'eau potable pour simplement tirer la chasse des cabinets).

L'abondance de questions qui a contribué précisément à la bonne tenue de cette réunion, ne m'a pas permis d'évoquer un aspect primordial, social en même temps qu'écologique, de l'impact écoquartier: la réduction des charges. Il faut citer de ce point de vue l'exemple de l'écoquartier « Bedzed » (du nom de la commune de Beddington, dans la couronne londonienne où est implanté le projet Zero fossil Energy Development): 60% de réduction des besoins pour l'électricité, 90% pour le chauffage et 56% pour l'eau, ce qui induit de fait une maîtrise des factures pour les foyers. On a mesuré ainsi une réduction de 15% des dépenses en comparaison aux dépenses moyennes des ménages britanniques.

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J'ai voulu savoir comment les concepteurs du projet positionnaient « Descartes-Blériot » par rapport à Bedzed, écoquartier que je connais particulièrement bien. Version basse, moyenne, ou identique ? Je n'ai malheureusement pas eu de réponse à cette question, qui nous aurait permis de quantifier l'effort municipal pour réduire l'empreinte écologique * de ce projet.

Sur la question de la récupération de l'eau, l'explication de "sécurité" avancée par Hervé Jobbé-Duval, président de la Centrale de Création Urbaine, une association qui réunit des investisseurs-constructeurs du secteur public et privé pour mettre sur pied de nouveaux concepts d'urbanisme, n'a pas été à la hauteur de la qualité attendue (et pourtant réelle) de cette réunion. Il aura fallu l'intervention de François Marty, président du Chênelet et spécialiste de l'éco-construction, pour rectifier les choses. « Il faut arrêter de raconter des stupidités », a-t-il rétorqué en alignant un certain nombres d'exemples à l'appui. Pragmatique, il a dénoncé par la même occasion l'écologie "bobo" et intégriste, à laquelle certains participants se prêtaient.

Christophe Duffy est revenu sur le parking sauvage le long du canal Quai de la Gendarmerie. « Ne pourrait-on pas requalifier les bords du canal pour en faire un atout touristique ? Ces 450 voitures, est-ce qu'on en apprécie les flux de circulation, les rues alentour n'en peuvent déjà plus. ». Il est vrai que cette artère constitue un mauvais signal de lien avec l'écoquartier à venir, d'autant qu'un autre (bon) projet existe, la poursuite de la requalification des berges sur ce quartier, et que le stationnement, autant dangereux qu'inesthétique, est pour l'instant sauvage sur cette partie du canal et qu'il n'y aura pas à cet endroit de droit d'usage.

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Pour conclure, je crois personnellement en ce projet. Que le verre soit à moitié vide ou à moitié plein, une dynamique est lancée. C'est un déclencheur de réflexion collective, une sensibilisation à un mode de vie durable. Pas vraiment une révolution, mais une évolution positive offerte à tous les citoyens... pas forcément écolos, et c'est une chance !


Jean-Marc Ben
conseiller municipal écologiste



COMPTE-RENDU DE LA PREMIÈRE RÉUNION PUBLIQUE DU VENDREDI 17 DÉCEMBRE 2010 par M.Ségard sur son blog
(posté le 19-12-2010)

Vidéo de la simulation écoquartier



* L'empreinte écologique quantifie la demande de l'Homme à l'environnement, en termes de biens et services, qu'on compare avec les ressources réelles disponibles. On consomme davantage de ressources naturelles que la planète ne peut en régénérer. Europe de l'Ouest: 3 planètes/Etats-Unis: 5 planètes/ Certains pays pauvres: 1/4 planète.

** Le FSC (Forest Stewardship Council en anglais, traduit par « Conseil de Soutien de la Forêt » en français) est une organisation internationale indépendante, non-gouvernementale. Le but du FSC est d’encourager de manière constructive les initiatives de gestion forestière socialement, écologiquement et économiquement responsables, en les rendant visibles et crédibles par un label apposé sur les produits issus de forêts certifiées. Le logo FSC signale au public un produit correspondant à un cahier des charges clair, transparent et vérifié par des certificateurs indépendants. Il permet ainsi au consommateur ou au public d’identifier le bois et ses produits dérivés issus d'une forêt bénéficiant d'une gestion forestière respectant les principes du développement durable tels que définis à Rio en juin 1992.


Pour aller plus loin...


Bedzed, une vitrine des possibles (CERDD)
Bedzed, partie 1pdf.png Bedzed, partie 2pdf.png

www.angenius.org
Quartiers durables - Guide d'expériences européennes (www.areneidf.com)pdf.png

Les réalisations du développement durable en reportages vidéo (www..le-developpement-durable.tv)