NORD LITTORAL, lundi 27 décembre 2010

Une alternative aux cabanes de chantiers industrielles

Le Chênelet se lance dans l'« éco-bungalow »


le-chenelet.jpgLes bungalows sont conçus pour être montés par des gens sans expérience particulière.

Concurrencer les ténors des bungalows industriels n'est pas donné à tout le monde. Le Chênelet et SPL (société des palettes du Littoral) ne se sont pas véritablement fixé ce challenge mais ils travaillent sur un projet de bâtiment modulaire construit en bois, une formule séduisante et adaptée à de multiples usages.

Lors d'un voyage en Finlande, François Marty, le responsable du Chênelet, est tombé sous le charme des cabanes de bois multicolores qui fleurissent dans le moindre recoin des pays scandinaves. Il a vite été convaincu par les qualités esthétiques et les performances techniques en terme d'isolation de ces cabanons.

De retour sur la Côte d'Opale, François Marty a réuni autour de la table ses petits camarades du Chênelet et de SPL pour imaginer une déclinaison qui permettrait de conjuguer des thèmes qui leur sont chers : l'écologie, l'économie solidaire et l'insertion.

« J'avais déjà eu des discussions avec des représentants de grandes sociétés, des entreprises de travaux publics par exemple, qui ne savaient pas comment impliquer dans leurs chantiers des gens qui sont en insertions », raconte François Marty. Or l'insertion est un pilier du Chênelet (lire plus bas).

Le projet a doucement pris son envol au début de l'année, d'abord sur le papier, avant de s'ébaucher à l'approche de l'été.

Pour l'instant, le bungalow imaginé par les équipes du Chênelet et de SPL existe sur le papier mais surtout sur le site de Landrethun-le-Nord. « On a collé deux cellules qui abritent le pressoir à pommes », précise Pierre Gaudin, plus spécialement chargé des projets de construction des éco-logements.

Ce projet de bungalow offre un double avantage : « Ça permet aux gens qui viennent chez nous de découvrir le monde du BTP, on sait que c'est un secteur où il y a un déficit de main d'oeuvre. » Parallèlement, les gens du BTP découvrent de nouvelles perspectives avec l'approche particulière du Chênelet.


« Beau, sain et confortable »


Comme pour les autres types de constructions, l'accent est mis sur la pré-fabrication : « On veut passer un temps minimum sur les chantiers. Tous les bois proviennent des forêts environnantes, ça favorise les emplois locaux, on reste cohérent avec les idées qu'on défend ».

De fait, les bungalows se présentent sous la forme de grosses boîtes : « Ils peuvent être utilisés comme bureaux, comme réfectoires, comme salles de réunion. » « C'est beau, c'est sain et c'est confortable », assure Pierre Gaudin : contrairement aux cabanes de chantier traditionnelles, celles de SPL offrent un confort inégalé. Les modules font 3 m sur 6, soit un peu plus que la surface habituelle, souvent 2,5 sur 6 : « En terme de confort, d'isolation, d'hygronométrie, ça apporte une vraie différence, on se sent moins à l'étroit. On a conçu une cellule dans laquelle on est bien ; généralement, elles sont minimalistes, le confort, c'est triple zéro ». S'y ajoutent de véritables économies pour le chauffage par exemple et une conception astucieuse : « Tout est manuportable. On n'a pas besoin de grue pour transporter les différents éléments, et on n'a pas non plus besoin de permis de construire ».

Le coût reste un critère incontournable, mais il n'inquiète pas outre mesure l'équipe du Chênelet : « On sera toujours un peu plus cher que les modèles industriels mais on propose autre chose. Comme pour nos logements éco-sociaux, on offre un vrai prix et un côté social avec un volet insertion important ».

Plusieurs pistes sont envisagées : « On imagine les vendre ou les louer en proposant le montage par nos équipes ; La location est valable pour des durées d'au moins six mois ; c'est le montage qui coûte cher ».

Le mouvement est d'ores et déjà lancé : après le prototype pressoir à pommes de Landrethun, un autre bungalow va sortir de terre à Blois, dans un jardin de cocagne.

La municipalité d'Arras s'est aussi montrée intéressée par ce type d'installation pour équiper un stade de football en vestiaires. Une grosse société de BTP est aussi pour les rangs pour troquer ses anciens modulaires pour ces cabanes de chantier d'un genre nouveau. « Le reste va se faire par le bouche à oreille » s'attend Pierre Gaudin.

Jean-François DUQUENE


Le Chênelet et SPL gardent leur cap

Un chantier qui favorise l'insertion


chantie-chenelet.jpgLes chalets du Chênelet supportent bien la couleur.

Pierre Gaudin ne s'est pas toujours attaché à construire des maisons en bois, dans son autre vie, il a plutôt oeuvré sous terre : il a travaillé à la Réunion, participé au chantier du tunnel sous la Manche, creusé dans les sous-sols de Marseille, de Lyon ou de Copenhague.

Dans sa nouvelle vie, il utilise ses multiples expériences dans des domaines qu'il ignorait jusque là.

Chargé des projets de construction des éco-logements au sein des multiples branches du Chênelet, Pierre Gaudin vise systématiquement l'insertion dans les dossiers qu'il porte avec ses collègues. Ce souci est donc au coeur du projet des bungalows.

« On évite d'envoyer les gens loin de chez eux pour une longue durée, note-t-il. Au bout de trois ou quatre jours loin de chez soi, ça devient difficile pour les personnes qui n'en ont pas l'habitude. On a conçu les bungalows pour qu'ils puissent être montés en par trois ou quatre personnes en trois ou quatre jours. Ça doit être des chantiers dynamiques ».

Même s'il est large, l'usage de ces cabanes d'un nouveau genre est cadré par le Chênelet : la transformation en sanitaires nécessiterait des travaux plus compliqués et l'équipe ne souhaite pas les voir utiliser en logements d'urgence. La philosophie du projet ne va pas dans cette direction.

« La grande idée, c'est de proposer un bungalow à de grandes sociétés de travaux publics ou de BTP qui ne peuvent pas employer des personnes non qualifiées. Ces entreprises ne peuvent donc pas répondre à des marchés publics qui ont ces contraintes. Notre idée, c'est de mettre à leur disposition des bungalows de chantiers montés par des personnes qui sont en insertion chez nous ».


Cliquer pour relire l'article "Ecologique et solidaire, le réseau Chênelet Construction à Landrethun-le-Nord"