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Ci-dessous, l'avis que nous avons déposé, Francis Gest pour le groupe Europe Ecologie-les Verts Calais, et moi en tant que conseiller municipal EELV de Calais, au registre de consultation (à l’espace de promotion, de développement économique et d’urbanisme, 9 rue Paul Bert).


CA NE NOUS A PAS P.L.U !

eelv_calais.jpg1°) Quelques remarques générales tout d’abord. Il sera toujours anachronique et pas très logique d'aborder le document d'urbanisme au niveau communal alors que la ville est intégrée dans une agglomération. Cela conduit à une vision géographique étriquée et les solutions ne sont pas recherchées à la bonne échelle notamment en termes d'espaces d'habitat, de typologie de logements, d'espaces économiques et de déplacements. Preuve en est que les compétences communautaires s'exercent sur les zones d'activité de plus de 30 hectares: on aborde une partie de la Turquerie dans le PLU alors que la suite est à Marck... D’autre part le Plan Local de l'Habitat est de compétence communautaire, la trame verte et bleue ne saurait considérer les limites communales et les transports collectifs sont gérés à l'échelle du SITAC (l‘Agglo + Guînes). Il existe de très forts déséquilibres au sein de l'agglomération tant sur le plan de l'habitat que de la répartition des zones d'activité et des ressources fiscales. La gestion du droit du sol à l'échelle de la commune ne fera que conforter ces déséquilibres et ne permettra pas un aménagement qualitatif et équilibré du territoire à l'échelle de l'agglomération, les communes périphériques continuant de siphoner les catégories socio-professionnelles supérieures de Calais qui en est déjà très dépourvue par rapport à Boulogne ou Dunkerque.

2°) Le document PLU comporte des erreurs inquiétantes et des lacunes. Considérer que St Pierre est une zone où les aménagements sont nombreux en faveur des modes doux est une imposture (trottoirs étriqués, circulation infernale, pas de piste cyclable ! Ca ne correspond en rien à la réalité. Peut-être pour ne rien changer à l’existant ? Parler d'itinéraire de grande randonnée Quai de la Gendarmerie est sans doute une plaisanterie quand on constate que les berges du Canal de Calais sont un parking sauvage et que la municipalité a refusé de traiter le problème dans le cadre de la friche Thélu. Il y a quelques années, cet espace entrait dans le cadre de la réhabilitation des berges de canaux avec aménagement paysager, piétonnier et cyclable. Ce projet n’a pas été repris par l’actuelle municipalité. Les voies bruyantes répertoriées par l'Etat souffrent de graves lacunes notamment au niveau des traversées Est-Ouest et Ouest-Est du centre ville que le plan de circulation encourage par les petites rues au gabarit inadapté (rue des Soupirants, rue du temple, rue de Vic, rue des 4 coins).

3°) Les besoins exprimés sont suréavalués. Au niveau des logements, l'objectif à 2025 = 76000 habitants en cohérence avec les objectifs du SCOT (prévoyant +2%) alors que l'INSEE table sur -4% ! De plus ces objectifs se déclinent en nombre de logements en fonction de 2 hypothèses qui considèrent notamment le taux de décohabitation des ménages. Les calculs établissent un besoin entre 2695 et 6244 logements pour héberger 2% de population en plus. Or tout le document ne retient que cette dernière hypothèse qui est très exagérée et qui est la plus consommatrice d'espace.

Pour les zones d'activité, celles-ci sont totalement disproportionnées puisque les besoins pour tout le calaisis à l'horizon 2025 en nouveaux m2 de surface de vente sont évalués à 20.000m2 (soit +12% par rapport à l'existant) alors que le document laisse la possibilité d'en développer 4 fois plus et que Coquelles a elle seule dispose de dizaines de milliers de m2 urbanisables à cette fin en réserve ! On va donc viabiliser à grands frais des terrains pour au mieux générer des transferts internes à la ville ou à l'agglomération, et créer des dizaines de m2 de friches commerciales qu'il faudra ensuite gérer aux frais du contribuables. Cette politique d'expansion urbaine est totalement déraisonnable et elle se fera au détriment des contribuables et des commerçants du centre ville.

L'enjeu est de densifier la ville et non de la diluer. C'est d'ailleurs écrit dans le document. Mais pour répondre à l'objectif d'attirer d’autres catégories socio-professionnelles, densification doit rimer avec cadre de vie et respiration. Or le document ne prévoit pas d'apaiser le centre ville ni de dévier les flux de transit, alors que les flux domicile-travail entrant dans la ville (et la quittant le midi et le soir) représentent + de 11500 véhicules/ jour ! Il est impératif de revoir complètement la politique du stationnement et des transports en commun pour dissuader l'usage de la voiture dans le centre ville et de créer de vraies zones de rencontre dans le centre ville et notamment à Saint-Pierre, tout autour des 4B, ce qui n'est absolument pas envisagé.

4°) En ce qui concerne la Zone des Dunes Extension, cette zone était considérée comme zone humide et comme compensation écologique au projet Calais Port 2015. Or dans le document 3. Orientations d’Aménagement et de Programmation, sur la carte "Les Dunes Extension, orientation et programmation), on apprend que cette zone va permettre "l'accueil d'activités nécessaires à l'extension du port". On y parle de "parc d'activités" avec un "projet d'infrastructure à intégrer". C’est précisément la zone qui oppose la municipalité à la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Si on “revoit“ cette clause importante, que prévoit-on en rechange. Le document ne le dit pas ! On ne peut impunément, et par le fait du prince amputer purement et simplement un projet aussi important que celui de Calais Port 2015, qui n’est projet de développement durable que par ses compensations écologiques nécessaires en termes d’aménagement et de développement économique moderne. Par conséquent, ce secteur des Dunes doit être maintenu naturel, comme zone tampon, tout en laissant la place pour la desserte ferrée de Calais Port 2015.

5°) Il n'y a aucune ambition pour la création de vrais parcs urbains. On procède par rustines ! Demandons par exemple que le secteur du futur ex-hôpital soit intégralement reconverti en parc urbain, avec déviation en arrière de la voie de circulation du Quai du Commerce, pour que le parc aille jusqu'aux berges du canal. Demandons également l'inscription en espaces verts des berges du canal de Calais le long du Quai de la Gendarmerie (devant "LU").

6°) Dans les zones Ua, Uc, Ud, la dispense de réalisation d'aires de stationnement en deçà de 3 logements ne permettra pas de lutter efficacement contre les maisons à la découpe qui gangrènent St Pierre et s'étendent dans l'Est de Calais-Nord. Le meilleur remède pour lutter contre ce phénomène serait de gérer le cadre de vie et notamment les flux de circulation dans le centre-ville... pour que notre ville soit vraiment attractive !

7°) On ne peut accepter les lotissements prévus entre la Grande Rue du Petit Courgain (à hauteur de l'école Parmentier) et la route de Gravelines dans un environnement Seveso immédiat, auquel s’ajoute la station-service en bordure des 2 sites SEVESO. Le périmètre défini est pour le moins complaisant et anecdotique quand on sait les dégâts que pourrait causer un accident industriel majeur (cf AZF Toulouse), à proximité de zones d’habitations ainsi densifiées et d’une présence importante et anarchique de camions qui y séjournent pratiquement. Ajoutons que le PPRT préconise uniquement des recommandations ! Un périmètre aussi ridicule ne met pas en sécurité définitive les nouvelles populations de ce quartier et s’apparente plus à un pari hasardeux lorsqu’il s’agit de sécurité. On peut aussi se poser la question de la viabilité du projet de constructions pour les futurs vendeurs et propriétaires qui découvriront à un moment ou un autre qu’ils sont tout près d’une zone Seveso et d’une station service, véritable accumulation de dangers. Vous feriez construire là, vous ? Ainsi exposés aux risques majeurs et aux pollutions ? Ne pensez même pas à revendre votre maison un jour, sauf en la bradant !

8°) La coupure verte entre Blériot et le Fort Nieulay se réduit comme peau de chagrin avec l'avancée du front bâti et le projet de camping "au milieu de nulle part" et ce d'autant que la commune de Blériot Sangatte avance son front bâti vers le Sud. Là encore, une réflexion intercommunale pour l'implantation du camping aurait pu être bénéfique. Pourquoi pas sur le parking en bout de digue qui, bien que sur Blériot, appartient à la ville de Calais ? Cette solution serait préférable au projet très virtuel de camping “au milieu de nulle part“ (qui pourrait assez vite se transformer en “pas de camping municipal du tout“ au final).

9°) Le projet de PLU consacre le parking souterrain de Calais-Nord, projet disproportionné et inutile qui génèrera de nouveaux déficits puisque la municipalité préfère faire payer le stationnement par le contribuable calaisien plutôt que par l’usager. Le projet actuel pose plus de questions et de problèmes à retardement qu’il n’amène de réponses vraiment cohérentes pour un PLU digne de ce nom, et vraiment prospectif.

Jean-Marc BEN, conseiller municipal EELV de Calais
Francis GEST, pour Europe Ecologie-les Verts Calais