Le blog de Jean-Marc Ben

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Tag - Daniel Cohn-Bendit

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jeudi 24 février 2011

Tensions avant 2012 et critiques sur le fonctionnement interne d'Europe Ecologie


Article dans Le Monde

LEMONDE.FR | 24.02.11 |

cecile-duflot-eva-joly-et-daniel-cohn-bendit.jpgLa situation n'est pas apaisée chez les écologistes : la principale pomme de discorde reste 2012, alors que la rivalité entre les partisans de Eva Joly et Nicolas Hulot s'exacerbe. Mais des critiques existent toujours sur les instances et l'orientation du mouvement, portées notamment par le trublion des écolos, Daniel Cohn-Bendit.

Symbole d'une forme de doute, ou au moins d'une part d'hésitation, José Bové a affirmé mercredi 23 février que s'il y avait un "risque de reproduction du 21 avril 2002, il fau(drait) que le candidat (d'Europe Ecologie-Les Verts) se retire". "Pour l'instant, on maintient une candidature. Par contre, on se donne la possibilité 3, 4, 5 mois avant l'élection, si on est dans cette situation-là, de retirer notre candidature", a poursuivi le député européen sur Public Sénat. Partagée par Daniel Cohn-Bendit, cette prise de position ne fait cependant pas l'unanimité chez les écolos.


INTOX ENTRE LES PRO-JOLY ET LES PRO-HULOT

Joint par Le Monde.fr, Jean-Vincent Placé, n°2 du mouvement tranche : "José a le droit d'avoir des positions mais je suis tout à fait opposé à celle-ci. D'ailleurs, le risque du 21 avril, aujourd'hui, c'est aujourd'hui surtout sur Nicolas Sarkozy qu'il pèse."

Interrogée sur le risque d'une nouveau 21 avril, Cécile Duflot s'était montrée agacée, le 9 février dans France Soir : "François Kalfon, le spécialiste des sondages au PS, l’a très bien dit : si la gauche n’a pas été présente au second tour de la présidentielle de 2002, c’est parce que Lionel Jospin n’a pas donné envie qu’on vote pour lui. Imputer l’échec aux autres, c’est une erreur. C’est même un discours insupportable et bête. Le vrai problème aujourd’hui, c’est qu’autant de gens aient envie de voter pour Marine Le Pen !", a lancé la secrétaire nationale du parti.

L'ambiance est actuellement assez tendue au sein des écologistes, qui doivent se revoir début avril pour rediscuter des primaires, dont le calendrier, fixé pour juin, a fait l'objet d'un vote très houleux. Témoin, hier, le démenti vigoureux apporté par Pascal Durand, un proche de Nicolas Hulot, à des propos parus dans la presse selon lesquels l'animateur aurait pris sa décision pour 2012 et chercherait à faire reculer les primaires à l'automne. Des propos venant du député François de Rugy, qui se dit... favorable à Eva Joly.


LE DÎNER DES "ANTI-COURANTS" DE COHN-BENDIT

Dans ce contexte, Dany Cohn-Bendit a organisé mercredi soir un dîner discret à Paris, qui ressemble à une nouvelle tentative de dissidence ou au moins de divergence. Selon Libération, ce rassemblement "discret" était destiné à "concocter une motion de rassemblement des anti-courants en vue du premier congrès d'EELV prévu en juin". "On a dit voilà, il y a des tas de gens qui ne sont pas contents avec ce qui se passe" mais "ceux qui réfléchissent à une motion ce n'est pas contre Cécile Duflot, nous on est tout à fait d'accord pour qu'elle reste candidate comme secrétaire nationale" d'EELV, a précisé l'eurodéputé sur LCI.

Dany Cohn-Bendit a ré-entonné son refrain contre la direction actuelle du parti : "Le fonctionnement interne aujourd'hui d'Europe Ecologie, nous le trouvons non satisfaisant. Pour dire les choses simplement : l'esprit d'Europe Ecologie est en train de se diluer dans l'esprit d'Europe Ecologie-Les Verts et on en revient aux Verts classiques" et "ça fait 1,5% à la présidentielle", le score de Dominique Voynet (1,57 % en 2007).

Jean-Vincent Placé ne peut là non plus pas être d'accord : "C'est un propos excessif et infondé. Notre motion, autour de Cécile Duflot, regroupe l'ensemble des courants Verts d'avant mais est ouverte sur ceux qui nous ont rejoint depuis dans le mouvement, dont les élus régionaux", dit-il au Monde.fr. La campagne d'Eva Joy est-elle bonne ? "Oui. Je n'ai pas pensé qu'il y avait eu un petit trou il y a quelques semaines. Elle fait du terrain : d'ailleurs elle va ce jeudi après-midi au salon de l'agriculture avec... José Bové."


Alexandre Piquard

samedi 11 décembre 2010

Philippe Meirieu élu à la tête du parlement d'Europe Ecologie (Le Monde)



LE MONDE, 11/12/2010

consensuel-monsieur-federateur-philippe.jpgLes écologistes ont tenu samedi 11 décembre à afficher à nouveau leur unité après l'élection à la quasi-unanimité de l'élu rhône-alpin Philippe Meirieu à la tête du parlement d'Europe Ecologie-Les Verts, quelques jours après le refus fracassant de Jean-Paul Besset d'occuper ce poste.

Seul candidat, le pédagogue Philippe Meirieu a été élu par le vote favorable des 123 délégués présents (sur 240), 1 contre et 3 abstentions, lors du Conseil fédéral du rassemblement qui se réunissait pour la première fois depuis la fondation du parti à Lyon il y a tout juste un mois. Jean-Paul Besset, un des initiateurs d'EELV et proche de Nicolas Hulot, avait, lundi dans un courrier tonitruant, renoncé à prendre la tête du parlement du parti, dénonçant un "climat de guerre froide" entre un "parti où nombre de Verts verrouillent" les choses et la coopérative (pour les sympathisants non adhérents, ndlr) vue comme une "machine de guerre contre le parti".

"AMITIÉ, GENTILLESSE ET TENDRESSE"

L'élection dans un fauteuil de M. Meirieu permet aux écologistes de montrer à nouveau un visage uni après la crise provoquée par M. Besset. Philippe Meirieu, qui a obtenu le meilleur score EELV aux régionales de mars (18 %), c'est "Monsieur Fédérateur!", il "fait le lien entre anciens et nouveaux", s'est réjoui Jean-Louis Roumégas, du bureau exécutif.

Cécile Duflot, secrétaire nationale d'EELV, a voulu, devant les délégués, mettre l'accent sur "l'amitié, la gentillesse et la tendresse" qui se dégagent du rassemblement, souhaitant "donner tort à la lettre que Jean-Paul Besset nous a adressée" et "renouer avec l'espoir".

Pour son discours d'investiture, M. Meirieu, "tout jeune débutant en politique", a jugé les "soubresauts qui ont eu lieu inévitables" car "la clarté et la vérité sont notre ligne de conduite". Et s'il y a "des turbulences internes, il faut les transformer en propositions convaincantes pour notre avenir et notre pays", a-t-il dit, très applaudi par les cadres réunis à la salle de la CFDT qui accueillait déjà le Conseil national inter-régional (parlement) des Verts.

Pour lui, il faut désormais "nous apaiser", mais "sans perdre notre énergie" et en mettant "au coeur du débat nos projets plus que nos conflits". La question du projet justement ne se fera sans doute pas sans conflits, entre partisans d'une ligne bien ancrée à gauche et ceux plus "centristes" à l'image de Daniel Cohn-Bendit.

"COMPLOT CACHÉ"

Autre débat à régler, le statut des coopérateurs, ces militants non adhérents. Pourront-ils appartenir à un autre parti et désigner à la fois les candidats écologistes à toutes les élections, comme le souhaite "Dany" ? Enfin, le calendrier pour 2012, s'il semble faire consensus au sein de la direction, ne sera tranché que lors du prochain Conseil fédéral (29-30 janvier). A priori, le congrès devrait se tenir en avril-mai, juste avant la désignation du candidat écologiste pour la présidentielle qui devrait avoir lieu fin juin/début juillet. L'eurodéputée Eva Joly, favorite, est opposée au député Yves Cochet.

Quant à Nicolas Hulot, "ses amis, dans la situation de ceux de Dominique Strauss-Kahn", veulent repousser à l'automne les primaires, selon certains. Faux, le candidat doit "être connu le plus rapidement possible", rétorque Pascal Durand, proche de l'homme du Pacte écologique de la campagne 2007, qui dément tout "complot caché". En tout cas, selon Jean-Vincent Placé, un des dirigeants soutien d'Eva Joly, EELV parie désormais sur un score à "deux chiffres" à la présidentielle.


lundi 6 décembre 2010

Séisme à Europe Ecologie avec le retrait de Jean-Paul Besset, n°2 d'EELV


Un scoop !


Après Daniel Cohn-Bendit insatisfait de la mise en place de la coopérative d'Europe Ecologie, c'est au tour de Jean-Paul Besset de décrire un « climat de guerre froide » dans les rangs d’Europe écologie – Les Verts. Ce proche de Nicolas Hulot, n°2 du nouveau parti, regrette que « la fusion-dépassement » pourtant célébrée en grandes pompes à Lyon, il y a moins d’un mois, entre Verts et non-Verts « n'ait pas eu lieu » et annonce « renoncer à toute responsabilité », lui qui devait codiriger le rassemblement des écologistes avec Cécile Duflot… A elle, l'exécutif. A lui, le « Parlement » d'Europe écologie. Alors sursaut encore possible ou crise fatale ? La question mérite d'être posée. L'heure est grave en tout cas.

Ne dramatisons pas mais restons vigilants. Il y a beaucoup de non-Verts qui veulent jouer le jeu et de "Verts-verts" aussi. Et des non-Verts en concurrence avec d'autres non-Verts aussi, la "ligne de fracture" n'est pas forcément bloc contre bloc. Des "conservateurs" existent des deux côtés, dans quelles proportions, je ne saurais le dire... Europe Ecologie est un mouvement en mouvement, certains craignent, des deux côtés, de nouveaux apports à venir, en troupes et en personnalités, et se positionnent comme interlocuteurs privilégiés... Le pouvoir (?) est dur à partager quand on a misé très haut sur la coopérative. Mais c'est le défi que nous nous sommes lancés. A nous de transformer l'essai et de dépasser ces clivages sous-jacents, sans naïveté mais sans sectarisme non plus... C'est la crédibilité du rassemblement qui est en jeu aujourd'hui, ne fuyons pas le débat. Nous n'avons pas le droit d'échouer. A suivre...

Jean-Marc Ben



Pourquoi j'abandonne


jpbesset.jpgJ'ai décidé de renoncer à toute responsabilité au sein d'Europe Ecologie-Les Verts. Cette décision est mûrement réfléchie. Elle n'est le fruit ni d'un coup de tête ni d'un coup de blues. Elle révèle l'impuissance que je ressens de plus en plus douloureusement face à une situation de conflit interne qui m'apparaît, en l'état, dominante, indépassable, broyeuse d'énergie et d'espérance. Elle vise aussi à dissiper l'illusion fédératrice que ma présence entretient dans la direction du mouvement, entre marteau et enclume.

Autrement dit, j'avoue l'échec, personnel et collectif : je ne souhaite plus m'épuiser à construire des passerelles alors que l'essentiel des préoccupations consiste à entretenir les suspicions ou à rêver d'en découdre pour affaiblir tel courant, détruire tel individu ou conquérir tel pouvoir. Je n'assumerai pas plus longtemps la fiction et l'imposture d'un rôle revenant à concilier l'inconciliable.

Si ma mise à l'écart volontaire, dont je pèse amèrement le sens négatif aux yeux des militants sincères, peut servir à quelque chose, c'est de dissiper le rideau de fumée et chasser l'hypocrisie: que les masques tombent ! Que les couteaux sortent s'ils doivent sortir ou que les convictions l'emportent enfin sur les ambitions, mais qu'au moins il se passe quelque chose, qu'Europe Ecologie-Les Verts échappe à ce climat délétère de guerre froide et de paix armée !

I have a dream... Oui, j'avais fait le rêve que les Assises de Lyon, le 13 novembre, seraient une date « constituante », consacrant l'aboutissement d'une démarche de dépassement collectif pour construire une force alternative, responsable et désirable, indispensable aux enjeux de l'époque. Cette journée devait marquer les esprits au point de les transformer grâce à un sentiment d'appartenance commune, emportés par une dynamique qui submergerait les inévitables aigreurs, les petits calculs, les préjugés stupides, les médiocrités recuites. J'ai cru que la force de l'essentiel l'emporterait sur les turpitudes usuelles. Qu'il y aurait donc un avant et un après Lyon...

Je me suis trompé. Lourdement. Il est impossible de parvenir à faire la paix entre ceux qui aspirent à la guerre.

Il y a bien un après Lyon... mais, à l'image du nom retenu (Europe Ecologie-Les Verts), il reproduit ce que nous avions eu tant de mal à contenir dans l'avant Lyon : le scénario des crispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le monopoly des territoires. Règlements de compte, délices du déchirement, obsessions purificatrices et procès en sorcellerie saturent à nouveau l'espace, au point de rendre l'air interne irrespirable et le travail politique secondaire.

La fusion-dépassement n'a pas eu lieu. Le fossé des défiances reste plus béant que jamais entre ceux supposés vouloir rester en famille et ceux suspectés de chercher le divorce pour la recomposer, rendant impossible toute entreprise commune. D'un côté, le parti où nombre de Verts verrouillent une reproduction à l'identique, avec les mêmes têtes, les mêmes statuts, les mêmes pratiques, les mêmes courants, la même communication pseudo radicale, la même orientation servile vis à vis de la gauche; de l'autre côté, la Coopérative que certains veulent instrumentaliser en machine de guerre contre le parti. Dans ces conditions, aucune discussion sereine, aucun désaccord rationnel ne peut exister. Chaque choix est hypothéqué, chaque initiative s'avère lourde de conflits.

Par bonheur, la dramaturgie de nos luttes fratricides en reste aux simulacres. Elle ne tue pas vraiment mais elle use, elle ronge, elle épuise, elle désespère. Certains bâtisseurs, comme mon vieux complice Pascal Durand, ont déjà pris leurs distances. A mon tour de déclarer forfait et de refuser d'assumer plus longtemps un rôle d'équilibre alors qu'on me somme chaque instant de choisir un camp, de dénoncer machin ou de sacrifier truc, de justifier le moindre acte des « autres », de prendre parti dans le choc des ego, de participer au grand concours des détestations, bref de faire tout ce que je déteste.

J'ai contribué à construire un mouvement que je juge désormais métastasé et auquel, pas plus que quiconque, je ne sais apporter de remèdes. Je n'entretiens aucun ressentiment, j'apprécie les qualités individuelles des un(e)s et des autres, je ne regrette rien du chemin. Mais, sous l'impact de trop fortes pesanteurs internes engendrées par les coutumes du vieux monde politique dont toutes – je dis bien toutes! - les sensibilités d'EELV portent les stigmates, la mayonnaise collective a tourné et déprécie maintenant les énergies.

C'est humainement insoutenable. C'est en tout cas à mille lieux du projet qui m'habitait. Je renonce donc sans rien sacrifier de mon espérance dans l'écologie politique comme horizon de survie et d'émancipation. Sous réserve, peut être, d'un sursaut durable et d'un ressaisissement collectif que mon retrait pourrait favoriser.


6 décembre 2010
Jean-Paul Besset

dimanche 14 novembre 2010

Cécile Duflot: « Il n’y a plus à partir de maintenant de Verts et de non Verts... »


cecile-duflot-RTL.bmp« Il n’y a plus à partir de maintenant de Verts et de non Verts, nous sommes toutes et tous des militants de ce nouveau mouvement »


« Il manque peut-être encore quelques personnes ici aujourd'hui au rendez-vous mais je le dis solennellement, les portes sont ouvertes ! Toutes et tous sont les bienvenus. Parce qu'aujourd'hui dans cette salle, il n'y a plus de Verts, de non-Verts, de MEI, de CAP21, il n'y a plus que des écologistes, des écologistes unis et rassemblés ! »


« Le réseau coopératif ne peut pas et ne sera pas un gadget pour amuser les sympathisants entre deux élections »



Cécile Duflot était l'invitée du Grand Jury RTL:


« Ma famille historique se rattache à la gauche, mais ce que nous voulons créer, c'est une troisième boîte, pas de rentrer dans une boîte de gauche ou dans une boîte de droite »


Ecoutez l'émission ICI




Assises de Lyon 14 – Cécile Duflot
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samedi 13 novembre 2010

"La naissance des unis verts" (Libération)


LIBÉRATION, 13/11/2010
Europe Ecologie et les Verts fusionnent, samedi à Lyon, première étape d’un long chantier.
Par Matthieu Écoiffier

unis_verts.jpgSamedi, ce n’est pas seulement une fête qui a lieu à Lyon pour célébrer l’union des Verts et d’Europe Ecologie, assurent leurs leaders Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Mais «un moment un peu solennel. Le baptême d’une nouvelle force», assure Yannick Jadot, futur porte-parole du nouveau mouvement. Pour l’heure, le bébé écolo est encore tout fripé. Certains comme Gaby Cohn-Bendit lui trouvent même trop de ressemblance avec son géniteur Verts. Son poids reste fragile qui oscille entre 16,28% aux européennes de 2009 à 12% aux régionales de mars. Et il n’a pas encore de nom : ce sera aux 2 000 militants attendus samedi au palais des congrès de voter pour lui en donner un.

Il pourrait finalement porter celui de ses deux parents : «Europe Ecologie-les Verts». Pour ne froisser personne.

Reste que la présence à Lyon au-dessus du berceau de Nicolas Hulot, la bonne fée du Pacte écologique, est interprétée comme «un bon signal» par Duflot, candidate pour rester à la tête de la future direction. «Que Hulot vienne démontre qu’on a réussi. Beaucoup ont douté de notre capacité à aller jusqu’au bout du rassemblement et de l’importance de créer une force autonome. Hulot disait qu’il fallait que l’écologie soit partout, il constate qu’elle n’est pas au gouvernement», interprète Jadot. «Hulot est là, la directrice de sa fondation aussi, Serge Orru, le patron du WWF ou la sociologue Esther Benbassa. Nous avons un très beau tour de table», se félicite Jean-Vincent Placé, ex-numéro 2 des Verts. Autre présence de marque : Hélène Pelosse, experte des énergies renouvelables et ex-directrice adjointe de cabinet de Jean-Louis Borloo, chargée du dossier Copenhague. Mais pour conforter sa troisième place dans le paysage politique, trois défis attendent le mouvement de l’écologie.


Le défi de l’ouverture

Après avoir réussi à rassembler les familles de l’écologie, de l’altermondialiste José Bové au «ni droite ni gauche» d’Antoine Waechter - qui fera son grand come-back samedi -, tout en s’ouvrant au mouvement social d’Emmanuelle Cosse (ex-Act Up), au pédagogue Philippe Meirieu ou à la juge Laurence Vichnievsky, l’enjeu est de poursuivre cette «ouverture perpétuelle».«On a rassemblé la plupart des écologistes, nous devons rassembler au-delà. La transformation écologiste, ce n’est pas la lutte des classes : on n’y arrive pas en mobilisant une moitié de la société contre l’autre», martèle Daniel Cohn-Bendit.

Pour ce faire, le nouveau mouvement parie sur une formule originale avec d’un côté un parti et ses adhérents et de l’autre un réseau peuplé de «coopérateurs». Après un long bras de fer sur la répartition des pouvoirs entre adhérents et coopérateurs, le compromis validé à 85% par référendum par les Verts - condition de leur fusion dans le rassemblement - donne le droit aux coopérateurs, «rebutés par la tambouille interne» (selon Duflot), «de participer à la construction du programme et à la désignation du candidat à la présidentielle», indique le proche de Hulot, Jean-Paul Besset, pressenti pour présider le parlement du mouvement (lire ici). En avril-mai, un congrès sera organisé pour que les adhérents désignent leurs représentants dans les instances de direction. Les coopérateurs pourraient les rejoindre au même moment pour choisir entre Eva Joly et Yves Cochet, les deux candidats déclarés à la présidentielle. «Coupler les primaires et le congrès permettrait de se concentrer sur le projet», plaide Jadot. Mais Duflot «se demande si c’est le bon timing».


Le défi de l’autonomie face au Parti socialiste

Dans son manifeste, «EE-les Verts» ne «se définit pas par rapport à la gauche et à la droite», rappelle son coauteur Jean-Paul Besset. Pour l’eurodéputé, le mouvement écologiste ne fait pas partie de la maison commune de la gauche, mais compte bien entretenir des relations de bon voisinage avec le PS pour faire échec à Nicolas Sarkozy. A l’approche des cantonales de mars et des sénatoriales de septembre 2011, c’est mal parti : «On a un accord avec le PS dans trois départements sur 100», indique l’ex-Vert Jean-Marc Brulé. Après avoir tonné contre «les petites seigneuries locales du PS» dans le Monde et proclamé son objectif «de devenir majoritaire», Duflot va tenter de calmer le jeu à Lyon en se disant «convaincue de la nécessité de faire un accord avec le PS pour construire une alternative». Mais le désir d’émancipation titille EE-les Verts. Le nouveau mouvement peut être tenté de prendre exemple sur l’Allemagne, où les Grünen, désormais crédités de 24% dans les sondages, doivent leur progression au ralliement d’une partie des libéraux du FDP et d’une certaine frange des chrétiens-démocrates (CDU).

Le défi d’Eva Joly

«Deux électeurs sur cinq d’EE ne se considèrent pas de gauche», rappelle Denis Pingaud, vice-président d’OpinionWay, dont le dernier opus (1) projette les attentes de cet «électorat stratège et volage» pour 2012. «Il ne se satisfera pas d’un accord gauche plurielle pour quelques postes de ministres. Ses électeurs votent EE pour dire qu’il y a urgence écologique, mais aussi parce qu’ils veulent une autre manière de s’opposer à Sarkozy.» Bref, faire 7% dans la roue du PS, ou alors entre 12% et 15% et incarner l’urgence écologique, l’exigence éthique et sociale, «en s’affirmant comme meilleur que le PS pour rassembler au second tour», dixit Pingaud. Tel est le défi d’Eva Joly.


(1) "Europe Ecologie : électorat volage, électorat stratège". Ed. Fondation Jean-Jaurès

jeudi 11 novembre 2010

Tribune d’Eva Joly (Europe Ecologie) : «Refaire une civilisation»


10 novembre 2010 par Eva Joly

OFRTP-FRANCE-EUROPENNES-JOLY-20090601« Remettre au centre de la politique la poursuite du bien commun », en finir avec une présidence « oublieuse de l’intérêt général et de la parole donnée » : les propositions d’Eva Joly, députée européenne Europe Ecologie pour changer de modèle de développement.


Les Roms. Les retraites. Les biens mal acquis. A priori rapprochés uniquement par les hasards du calendrier, ces trois dossiers sont bien plus liés qu’ils ne le paraissent à première vue. Chacun apporte une nouvelle illustration de ce que le sarkozysme est une idéologie en faillite, comme le modèle de développement qu’il prétend promouvoir.

Les Roms, d’abord. Le Président de la République a beau prétendre le contraire, il ne sort pas grandi de son bras de fer avec les institutions européennes. Parce que sa politique à l’égard de cette partie de la population est bel et bien honteuse et discriminatoire ; et parce que le discours ambiant qui l’englobe, celui sur les « Français d’origine étrangère » et leurs tares supposées, est contraire à l’idée même de vivre ensemble et aux principes qui fondent l’Union européenne. Que la Commission européenne se soit jusque-là abstenue de déclencher une procédure contre la France suite à l’engagement de celle-ci de modifier sa législation, ce qui ne préjuge absolument pas de ce qu’il adviendra ensuite et prouve bien qu’il y a un problème, n’y change absolument rien. La Commissaire Reding a d’ailleurs rappelé récemment qu’elle restait particulièrement vigilante.

Les retraites, ensuite. Celles-ci sont désormais « réformées », en dépit de l’opposition massive des citoyens à ces mesures. Alors qu’il s’agissait d’opérer de véritables choix de société, qui engageront le pays pour de très nombreuses années et ses habitants pour le reste de leurs vies, aucune place n’a été laissée au débat ni à la négociation. Pour peu qu’on fasse remarquer à M. Sarkozy que ses décisions sont synonymes d’un renforcement de l’injustice sociale, puisqu’elles ne frapperont pas les catégories les plus aisées, qu’elles mettront les catégories plus faibles encore plus sous pression et qu’elles toucheront beaucoup plus les femmes que les hommes, il balaie ces observations d’un revers de main et impose tout de même selon son bon plaisir.

Quant à l’affaire des « biens mal acquis », à propos de laquelle la Cour de Cassation vient de rendre une décision retentissante, elle démontre à quel point certaines paroles prononcées un soir, place de la Concorde, avaient peu de valeur. Loin de mettre fin à la Françafrique et de faciliter la lutte contre les dictatures et contre l’accaparement des ressources des pays du sud, M. Sarkozy a contribué à les renforcer. Alors que des dispositifs auraient pu être introduits dans la législation française pour faciliter la poursuite de Chefs d’Etats étrangers soupçonnés de corruption et de détournements de fonds massifs, rien n’a été fait jusque-là. Alors que le parquet de Paris aurait pu, sur la base du travail réalisé par la police et certaines ONG, ouvrir une véritable enquête sur l’origine de la richesse des familles Obiang, Bongo et Nguesso, il n’a eu de cesse de s’y opposer. Il a fallu que ce soit la plus haute juridiction du pays qui tranche, hier, en faveur de l’ouverture d’une instruction. Une décision dont tous ceux qui s’attachent à la poursuite de la vérité et d’une plus grande justice ne peuvent que se réjouir ! C’est un très grand progrès que la Cour de Cassation, les associations à l’origine de cette affaire et leurs avocats viennent de rendre possible. Qu’ils aient dû agir contre la volonté de l’exécutif est de l’ordre de l’insupportable.

La société rêvée de M. Sarkozy n’est ni humaniste, ni inclusive ; elle est clivée autant qu’elle est clivante. Sa politique est oublieuse de l’intérêt général et de la parole donnée. Elle ignore toute modestie et n’est que dogmatisme et passage en force. Quel dommage que M. Sarkozy lise beaucoup moins Albert Camus qu’il n’en cite le nom ! Il saurait dans le cas contraire que le démocrate est par essence « celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments ». M. Sarkozy ne doute jamais, il dicte toujours ; il ne dialogue avec personne, il parle avec lui-même, et confond en permanence la simplicité et la vulgarité, la République et la monarchie républicaine, la démocratie et l’oligarchie. En outre, en dépit des grands discours qu’il affectionne quand il est à l’étranger, il reste aveugle au cours des événements. Le bouleversement que représente le carrefour de crises au centre duquel nous nous trouvons – crise politique, crise écologique, crise économique et sociale - est pourtant désormais évident.

Notre modèle de développement actuel, basé sur la consommation toujours plus importante des ressources naturelles alors que nous savons depuis Eratosthène que nous vivons sur une planète ronde, et donc limitée, arrive en fin de course. Un milliard de personnes souffrent de la faim. La France vient d’enregistrer une nouvelle hausse du chômage – qui touche désormais, toutes catégories confondues, près de 4 millions de personnes. L’Union européenne et les Etats-Unis subissent une dégradation générale de la condition sociale, et des déficits publics désormais abyssaux. Même la Chine est en réalité bien plus fragile qu’il n’y paraît, entre une révolte sociale qui gronde de plus en plus et des bulles spéculatives qui menacent d’éclater. Quant à la « croissance » que beaucoup continuent d’invoquer comme une idole, non seulement elle n’est absolument pas synonyme de mieux être social, mais sa sacralisation a des effets destructeurs sur notre environnement. D’autant que la seule chose capable de la faire repartir aujourd’hui semble être la succession d’accidents industriels et de catastrophes écologiques, comme celle que vient de connaître la Hongrie. Suite aux opérations de nettoyage, à l’achat de matériel, à la reconstruction de bâtiments rendus nécessaires par la coulée de boue toxique, le pays enregistrera en effet quelques "progrès" dans son PIB. Mais ses habitants n’y trouveront pas leur compte pour autant, avec la perte de nombreuses vies humaines, la destruction de la biodiversité et la stérilisation des terres pour plusieurs décennies !

Face à cet aveuglement il est de la responsabilité de l’opposition, et en particulier des écologistes, de convaincre qu’une autre approche de la chose publique est possible. Qu’un autre projet politique est à portée de main. Plusieurs initiatives récentes vont dans cette direction, au niveau européen comme au niveau national.

Au niveau européen, c’est par exemple le lancement de l’Appel pour un « Greenpeace de la finance », à l’initiative de l’eurodéputé Pascal Canfin, qui vise à renforcer le rôle de la société civile, des organisations non gouvernementales et des syndicats dans les débats sur le système financier. Il n’est pas tolérable que les seuls « conseillers extérieurs » qui aient accès à M. Barroso, à M. Sarkozy et à leurs équipes soient précisément les dirigeants des grandes banques bénéficiant des fonds publics, après avoir mis le public dans la situation que nous connaissons.

Au niveau national, ce sont les Etats généraux de l’emploi et de l’écologie organisés par Europe Ecologie pour réfléchir, sur le long terme et avec l’ensemble citoyens et des partenaires sociaux, à la meilleure façon de mettre en place la transformation écologique et sociale de l’économie.

Il s’agit de renouer avec l’intelligence collective et de remettre au centre de la politique la poursuite du bien commun. Il s’agit d’inventer de nouvelles régulations pour interdire la spéculation sur les matières premières et garantir un accès aux ressources naturelles qui soit équitable et équilibré, pour remettre le système financier au service de l’économie réelle, pour mieux partager le travail et les richesses et trouver de nouveaux rythmes de fonctionnement. Il s’agit d’enclencher le mouvement vers une économie qui respecte l’environnement dans toutes ses composantes pour mieux servir l’humain. Il s’agit de retrouver le sens du collectif tout en donnant enfin à chacune et à chacun la possibilité d’œuvrer à son propre projet de vie.

Prendre l’homme tel qu’il existe réellement, c’est-à-dire comme une partie intégrante de son environnement. Voir le monde tel qu’il est vraiment, c’est-à-dire comme un ensemble complexe, fragile et vivant. Remettre la politique à la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter, c’est-à-dire au cœur de la société civile et du débat public. Ce sont là trois préalables nécessaires si nous voulons relever les défis qui se posent à nous et si nous voulons refaire une civilisation.Car c’est bien cela que nous avons à accomplir. Nous devons, aujourd’hui, refaire une civilisation.