Un meeting d'Eva Joly mémorable !
Par Jean-Marc Ben le dimanche 12 février 2012, 20:17 - Lien permanent
Extraits de quelques articles de presse
NORD ECLAIR
Au simple comptable, le premier meeting d'Eva Joly restera une réussite. « Quand je vois cette salle, je me dis que certains doivent ajuster leurs radars », lance-t-elle au pupitre, sans notes, pour un discours au cours duquel elle aura fait largement feu sur Nicolas Sarkozy, « mal placé pour nous parler des valeurs », et décliné ses principales propositions.
« De toute façon, il faut s'automotiver envers et contre tout », souligne Marine Tondelier, la jeune candidate écolo aux législatives à Hénin-Beaumont. Elle avait voté Hulot l'an dernier. Alors, « oui, on ne va pas dire que la campagne est du feu de Dieu. Mais en Finlande il y a quelques semaines, personne n'avait prédit qu'un écolo serait au 2e tour. Les miracles, ça existe en politique et on se raccrochera à ça jusqu'au 22 avril »...
Un peu plus tôt, Cécile Duflot, en verve, avait, elle, remis les pendules à l'heure : « Nous sommes dans un moment particulier où l'on doit à la fois faire campagne mais aussi indiquer aux pisse-froid et aux "casse-couilles" que nous n'allons pas arrêter »...
« C'est le syndrome de la présidentielle, de la personnalisation, qui ne nous convient pas. On s'y est toujours pris des gamelles », rappelle Marie-Chrsitine Blandin. Avant de faire remarquer que « faire la démonstration, sans petites phrases, que la mouise dans laquelle se trouvent les gens ne se résoudra pas par les mêmes solutions productivistes portées par le PS et la droite, mais par une conversion écologique, c'est pas très sexy. Ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas le faire ! »...
Pour Marine Tondelier, « c'est surtout l'attitude dégueulasse des autres partis qui rejettent tout ce qui ne leur ressemble pas » qui sape la candidature Joly. « Le problème, estime Sandrine Rousseau, vice-présidente du conseil régional, c'est que l'écologie ne se résume pas aux slogans faciles des autres, "les immigrés dehors" , "produire français"... Le problème c'est que jusque-là on ne l'a entendue que sur des petits bouts de phrases ». Même analyse du côté du Lillois Éric Quiquet. « La campagne commence aujourd'hui à Roubaix. Pour Hollande, il y a eu un avant et un après Le Bourget. En plus, notre électorat se rend bien compte maintenant qu'il n'y a plus de risque que le PS ne soit pas au 2d tour et va vouloir donner du contenu à l'alternance ».
LE MONDE
La musique du Cabaret Constantine-Paris-Roubaix a chauffé l'ambiance du meeting. Arnaud Van Lancker et Areski Dries ont relancé la musique chabi, la chanson populaire arabe, amenée à Roubaix dans les années 1950 par les travailleurs immigrés. "Le meeting était organisé par le staff parisien d'EELV, mais nous avons voulu ajouter une touche joyeuse convenant à l'esprit du Nord,explique le militant de Villeneuve-d'Ascq, Xavier Hardy. C'est ce qui donne ce côté à la fois strictement professionnel, avec des cars régies, qui a tendance à devenir un peu trop la règle pour tous les partis politiques, et malgré tout un aspect festif. On a joué des coudes pour introduire notre point de vue, mais le mixte a pris !"
Philippe Vervaecke, un militant syndical "non encarté dans un parti", a résumé l'impression générale : "Eva Joly n'est pas une oratrice, mais je me retrouve dans son message. A quoi bon les trémolos et les allures de tribuns que prennent les autres candidats ? Elle a parlé d'une manière posée, elle a dit l'essentiel, enfin un discours naturel ! Et puis des orateurs comme Noël Mamère l'ont précédée. Mais j'ai surtout apprécié la parole donnée aux représentants d'associations, commeThalia Breton d'Osez le féminisme, ou Christophe Robert de la Fondation AbbéPierre : c'est à cela que l'on sent la proximité de ce programme avec la société française." Le meeting voulait apporter un démenti à ceux qui voyaient la candidate d'EELV en perte de vitesse, sinon de contrôle. Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, s'est moquée de ceux "qui semblent se préparer àélire un pape et scrutent les boutons de guêtre"...
MEDIAPART
«Je vous en supplie, faites en sorte qu’on soit encore là le 22 avril et qu’on le voie dans les urnes», a lancé le porte-parole Pascal Durand. «Il faut montrer que nous sommes des écologistes heureux», a abondé Philippe Meirieu, le président du conseil fédéral du parti. «N’ayez pas peur de passer pour des cons, soyez fiers de votre projet», a dit Noël Mamère. «En avant, jusqu’au bout avec toi», a promis Dominique Voynet. Sergio Coronado, responsable de la communication de la campagne : «La famille est là pour dire que nous avons une formidable candidate.»...
LIBÉRATION
L'objectif est désormais de dépasser la barre des 5%. L'heure est donc à la mobilisation dans un contexte difficile. «Sarkozy veut regagner dix points. Et nous trois. C'est possible en 70 jours de campagne. On va faire passer nos messages avec l'égalité du temps de parole. Et on va avoir les spots de campagne», assure avec gourmandise Denis Baupin, candidat aux législatives à Paris...
Figure écologiste locale, la sénatrice Marie-Christine Blandin cite un vers du poète René Char déjà utilisé par Ségolène Royal (ce qui n'est pas forcément un porte-bonheur électoral): «Impose ta chance, sert ton bonheur, va vers ton risque. A te regarder ils s'habitueront !»...
16h25. C'est la cohue lorsqu'Eva Joly fend les travées, bras-dessus bras-dessous avec Cécile Duflot. Au micro c'est Sergio Coronado son porte-parole et directeur de la stratégie qui joue au monsieur Loyal. «Une campagne c'est difficile», martèle-t-il avant de rappeler que «ce moment démocratique, ce ne sont pas les éditos, les enquêtes d'opinion et les sondages qui le font. C'est la capacité à apporter des idées. Et cette capacité, Eva, tu l'as», auto-affirme-t-il. Façon de s'extraire du «torrent de boue» qu'il estime dirigé contre la candidate...
A la tribune, Michèle Rivasi, sa porte-parole, rappelle en quoi le «vote juste» –slogan de la candidate– est un vote utile. «Nous les Verts nous ne voulons pas prendre le risque d'un nouveau Fukushima. Nous on veut arrêter le nucléaire en vingt ans. Et pour cela il faut qu'Eva Joly ait un score mémorable.» Dans sa vidéo José Bové insiste lourdement sur le fait que la candidature de Joly ira jusqu'au bout : «Eva est notre candidate, on aime Eva et on se mobilise tous.»
pières à Joly avec sa planification écologiste: «Monsieur Mélenchon on peut être contre l'Europe, contre la mondialisation, mais à ce moment là on n'est pas pour la vente de Rafales en Inde.» Dominique Voynet cible Nicolas Sarkozy et ses «porte-flingues»: Nadine Morano, qui a raillé la candidate écologiste et son «problème d'accent, de physique et de communication». L'ancienne candidate à la présidentielle fait de la calinothérapie: «Nous sommes fiers de ton accent, de tes mots, de tes idées, Eva» qu'elle qualifie de «fière, belle et droite» sous les vivats...
Eva Joly s'attaque ensuite aux déclarations du président de la République dans le Figaro Magazine. «Travail, responsabilité et autorité. De quel droit Nicolas Sarkozy s'attribue ces valeurs!», dit-elle rappelant qu'il y a 4 millions de chômeurs en France et que la proposition de référendum du chef de l'Etat n'a pour objet que de les faire passer pour des fainéants. L'ex-juge instruirait-elle le bilan de Sarkozy? «Il a démantelé l'école, la justice, les hôpitaux. Sa politique fiscale a été catastrophique. Il a pris la responsabilité de faire des cadeaux à ses copains, les riches», attaque-t-elle.
Elle se montre plus percutante sur la mise en examen d'Eric Woerth «pour recel d'abus de faiblesse. On vise par là le fait d'avoir obtenu des fonds de la part de Madame Bettencourt. C'était évidemment pour financer la campagne électorale» de Sarkozy en 2007. Alors que les ténors du PS ne semblent guère enclins à réagir depuis mercredi soir, Eva Joly est bien décidée à ne pas lâcher l'affaire. «Il est mal placé pour nous parler des valeurs. Nous n'allons pas nous laisser faire.»
Eva Joly raconte les mères et les parents qu'elle a rencontré à l'automne lors de son voyage à Fukushima, désespérés parce qu'ils craignent une contamination au cesium de leur nourriture. Elle raconte ensuite sa visite dans une papèterie normande. Puis le cas d'Eléphant qui veut se reconvertir pour faire du thé écolo à Marseille...
«Je vous raconte ceci, car je veux créer un outil: un droit de préférence, une obligation de vendre», pour les propriétaires lorsque des repreneurs se manifestent...
«L'écologie c'est la solution pour l'emploi. (...) La santé», énumère-t-elle en illustrant chaque slogan par une proposition concrète. Contre les scandales sanitaires? La class action (possibilité pour les victimes d'engager des poursuites groupées). «Nous voulons une agriculture paysanne. Nous voulons d'ici cinq ans, 100% de bio dans toutes les cantines.» ...
«Mes valeurs à moi, c'est pas compliqué, c'est liberté, égalité, fraternité.» Il faut abroger les peines plancher, propose-t-elle. «La scène se déroule au palais de justice de Paris. Un jeune qui a volé deux bouteilles de shampoing et les a restituées prend un an de prison ferme. Et dans la salle d'à coté, Charles Pasqua, vous savez le délinquant. Il s'est fait payer le fait d'autoriser un casino à Annemasse. Et il prend un an avec sursis», incrimine-t-elle...
Après 40 minutes elle conclut. «Je sais que certains d'entre vous hésitent encore pour leur vote du 22 avril à cause du 21 avril 2002. Je voudrais souligner combien la situation est différente. En 2002 Lionel Jospin ne faisait pas campagne, il était Premier ministre. Il ne suffit pas de chasser Nicolas Sarkozy de l'Elysée, il faut donner du sens à ce changement. Ce sens c'est nous, les écologistes, qui le portons. Votez avec le coeur, votez juste», conclut-elle...
LE PROJET D'EVA JOLY POUR LA TRANSITION ECOLOGIQUE
DIAPORAMA DU MEETING
Eva Joly invitée du Grand Jury RTL (cliquez ici)