NORD LITTORAL, 21/02/2011

marck.jpgIl avait interdit de mairie, en dehors des heures ouvrables, deux administrés socialistes

La section socialiste de Marck vit sous haute tension. Le secrétaire de la section a démissionné au printemps 2010. Pour l'élection de son remplaçant, un socialiste marckois, Roland Rivet, s'est opposé à la candidature de Serge Peron

Le maire de Marck n'a pas apprécié. Début d'un conflit qui s'est terminé devant les tribunaux.

« Suite à votre attitude plus que désagréable à mon égard, j'ai décidé de vous interdire l'accès de la mairie pour toute réunion, en dehors des heures d'ouverture au public. » signé Serge Peron. Quand Roland et Luce Rivet reçoivent ce courrier, ils n'en reviennent pas :« Mon avocat m'a dit en lisant ce courrier : C'est du despotisme ! Et je ne sais pas si le président du conseil général sait que l'un des siens envoie de tels courriers à l'entête du Pas-de-Calais...» La seule faute de ce couple de retraités, socialistes depuis toujours, a été de s'opposer à la candidature de Serge Peron au poste de secrétaire de la section socialiste de Marck : « Les réglements et les statuts du PS prévoient que le maire d'une ville de plus de 3 500 habitants ne puisse pas se endosser le rôle de secrétaire de section... Cette fonction est incompatible avec celle de maire. C'est dans les textes. » Roland Rivet a donc demandé l'application de textes. Serge Peron s'est maintenu et a été battu... Depuis, il reproche au couple de ne pas le respecter.

Roland et Luce Rivet sont membres de deux commissions municipales : la culture et le jumelage. Ils participent régulièrement à des réunions de travail dans la salle du conseil municipal. « Il a tenté de nous faire exclure de ces groupes de travail, mais comme les présidents n'ont pas voulu, il a trouvé la parade. Il a décidé de délocaliser ces réunions dans d'autres salles. On se réunit maintenant au foyer de l'Age d'Or. » Ce terrain d'entente n'est que de façade. Roland et Luce Rivet sont décidés à aller jusqu'au bout de leur action judiciaire : « Le secrétaire de section a démissionné car il n'a pas supporté que deux adjoints et des membres se fassent insulter de "nuls" et de "godillots." » Roland Luce n'a qu'une explication à cette colère du maire de Marck : « Son fils avait obtenu moins de voix que Yann Capet et Charles François lors de l'appel à candidature aux Régionales. » En juin l'affaire s"est donc retrouvée devant le juge des référés du tribunal administratif de Lille. Lorsque l'urgence le justifie, il peut prendre des décisions avant que l'affaire soit jugée sur le fond. Et le juge Vanhullebus l'a fait : « Considérant que les requérants font valoir sans être contredits que les associations dont ils sont membres se réunissent hors des heures d'ouverture de la mairie au public et que la décision d'interdiction prise par le maire de Marck est de nature à porter atteinte à l'exercice de leur liberté d'association et de réunion. » Il considère aussi qu'il y a «un sérieux doute quant à la légalité de la décision» du maire de Marck.

Sur le fond, lors de l'audience du 7 octobre, le même juge considère que le maire de Marck « s'est inspiré de considérations totalement étrangères à l'intérêt général, » et que « les requérants sont fondés à soutenir que sa décision est entachée de détournement de pouvoir ». Il décide donc d'annuler l'interdiction du maire et une somme de 1 500 euros sera versée au couple Rivet au titre des frais exposés.

Roland Rivet est satisfait de la décision du tribunal administratif de Lille. Il ne regrette qu'une seule chose : que la fédération socialiste reste sourde aux problèmes de la section marckoise : « J'ai envoyé un courrier, le 10 décembre 2010, à Catherine Genisson, première secrétaire fédérale du PS du Pas-de-Calais, je n'ai jamais eu de réponse...»

Philippe HENON



« Si c'était à refaire, je le referais... »


La meilleure défense étant l'attaque, Serge Peron le maire de Marck, a choisi l'offensive pour répondre à ses détracteurs et à sa condamnation au TA de Lille.

Vous avez refusé l'accès de la mairie de Marck à de deux vos administrés, socialistes comme vous. Pouvez-vous vous expliquer ?

« C'est vrai, j'ai refusé l'accès de la mairie à deux personnes mais en dehors des heures de bureau. J'ai pris cette décision car ils ont tenu des propos désobligeants à mon encontre. Je l'ai appris. Vu cette attitude incorrecte vis à vis du maire, et donc de la commune, cette décision s'imposait... »

Mais que deux socialistes d'une même section se retrouvent l'un contre l'autre au tribunal administratif, cela fait désordre, non ?

« A Marck, il se passe toujours quelque chose chez les socialistes. Ils prennent un malin plaisir à voter à contre-courant. Pour les Régionales, ils votent toujours contre Percheron. J'ai beau leur dire qu'en tant que maire je travaille avec lui, ils ne m'entendent pas. »

Il se dit que vous avez interdit l'accès de la mairie aux époux Rivet car ils vous ont empêché d'être secrétaire de la section socialiste de Marck

« C'est leur argument... C'est vrai qu'ils m'ont sorti un point des statuts du PS qui empêche un maire d'une commune de plus de 3 500 habitants d'être secrétaire de section. Mais les maires de Boulogne et du Portel sont bien secrétaires de la section socialiste de leur ville... Je n'avais qu'une seule ambition, relancer la section. Je n'avais pas trop le temps, mais il fallait le faire. Aujourd'hui, je suis certain que si on refaisait le vote, je serais élu. »

Vous avez été condamné par le tribunal administratif sur la forme et le fond

« J'ai envoyé un dossier pour ma défense, mais le greffe l'a mal orienté, les juges ne l'ont pas eu. J'ai été condamné sans défense... Sur le fond, ils n'ont pas voulu déjuger la première décision... »

Certains disent que votre seule ambition est de placer votre fils.

« Mon fils après un an de chômage a retrouvé du travail. Il sera de moins en moins sur Marck. Il n'a plus le temps de prendre de nouvelles responsabilités. »

Vous avez été condamné à deux amendes de 1 500 euros

« La première, je l'ai payée de ma poche. Je me rembourserai sur la somme que je donne au PS. La deuxième amende, je l'ai reçue en ma qualité de maire, c'est donc la mairie qui paiera l'amende. »

Est-ce que la situation va se stabiliser au PS de Marck ?
« Je ne sais pas... Il y a un clan de Fabusiens qui veut tout régenter. Ils ont des vues sur la mairie de Marck, sur des postes. Alors c'est vrai, j'avais dit que ce mandat serait le dernier... Mais je reviens sur cette décision. Si ma santé me le permet, je continuerai. J'ai encore beaucoup de projets pour ma commune. »

Regrettez-vous votre décision d'interdire l'accès de la mairie à deux de vos administrés ?

« Non. Si c'était à refaire, je le referais. Je précise quand même que je ne voulais pas que les commissions Culture et Jumelage auxquelles appartiennent les époux Rivet se réunissent dans la salle du conseil. Par contre, ces commissions pouvaient se dérouler en salle Est qui se trouve en mairie. »

Propos recueillis par Philippe HENON