Ca commence à faire beaucoup...

J'avais le plus délicatement possible abordé le cas Grenat sur mon blog

Pour mieux comprendre, rappelons que Gérard Grenat est président de l'Office Intercommunal de Tourisme, qu'il est vice-président de Cap Calaisis (la Communauté d'Agglomération du Calaisis) et adjoint-au-maire de Calais... et qu'il se réclame de la composante "socialiste" de la majorité municipale (MSDC de Philippe Blet) dirigée par l'UMP Natacha Bouchart.

Cette fois-ci, c'est Michèle Courmont qui, plus que le directeur OPH qu'elle avait pourtant installé, fait la une de l'actualité.

Michèle Courmont, adjointe-au-maire MoDem ! Ce qui me choque, c'est ça : "«... Natacha Bouchart, qui a demandé hier matin aux administrateurs qu'à l'avenir, les embauches à l'OPH passent par « un jury de recrutement composé de trois administrateurs, pour éviter les doutes ». Une manière de rappeler d'une part que le recrutement de Patrick Haulot a été effectué par la présidente de l'OPH elle-même, d'autre part de marquer sa désapprobation concernant les conditions autour de l'embauche de la fille de Michèle Courmont à l'Office public. »

Je citais à l'époque François Bayrou pour l'affaire Grenat, qui disait qu'il fallait « respecter le mur de verre qui devrait séparer les affaires d'argent, les affaires privées, les affaires publiques ».

En effet, localement comme au plus haut niveau de l'Etat, le pouvoir républicain devrait être insoupçonnable. Chaque fois que le pouvoir peut être soupçonné, chaque fois le pouvoir est en situation de fragilité.

Mais aujourd'hui, c'est une dirigeante MoDem qui est sur la sellette. Avec en plus un délit vérifié de favoritisme familial (embauche directe), qui finirait même par relativiser le "cas" Grenat. Il y a des jours où la politique peut dégoûter.

J'ai de la peine pour les autres dirigeants locaux du MoDem qui, à mon avis, se taisent trop. Je les connais, pour leur intégrité et leur loyauté envers un parti auquel ils croient, comme 3ème voie créatrice d'un autre possible.

Pourtant, le MoDem est mort localement avec cette affaire.


A moins qu'il ne s'applique lui-même les beaux principes de François Bayrou et qu'il coupe court avec tout ce qui pourrait le diluer encore plus dans cette ambiance de "suspicion" générale. On ne peut évoquer "les affaires" au niveau national (Woerth), tout en continuant d'avoir les mêmes pratiques sur le plan local. Le MoDem devra bien prendre des décisions radicales et réellement démocrates s'il veut être sauvé à Calais. Bien entendu, c'est son problème, mais j'ai assez d'affection pour un mouvement ami qui me permet d'avoir cet avis.

Comme pour le MSDC d'ailleurs qui joue trop sur l'ambiguïté de certains de ses membres. C'est un avis personnel.

Belle affaire, en tout cas, pour Natacha Bouchart qui neutralise du coup les deux seules autres composantes politiques de sa majorité (le MSDC de Philippe Blet et le MoDem), les autres (de la société dite "civile") ayant vocation à être absorbés par l'UMP.

Préparons l'alternative. Ce qui ne veut pas dire retour à l'antécédent...


Jean-Marc Ben
Conseiller municipal écologiste.


Post Scriptum

Les enjeux de cette situation sont considérables. Il convient pour le MoDem et le MSDC de savoir s’ils sauront gérer dans la durée ces affaires qui sont devenues les leurs, qu’ils le veuillent ou non, et qui les fragilisent sérieusement pour l’avenir. De fait, la reprise en mains de l’OPH par Natacha Bouchart indique que la municipalité d’ « union populaire et sociale » devient bel et bien une municipalité UMP tout court.

Les élus municipaux démocrates et « socialistes MSDC » sont sous la férule de l’UMP Natacha Bouchart. La question est de savoir comment ils pourront se démarquer dans la population du grand chef UMP. De ce point de vue, les cantonales seront un grand moment de vérité puisque bon nombre d’élus de la majorité municipale seront candidats. Ce qui sera intéressant, c’est de voir si ces candidats MoDem, MSDC et non cartés ne sont pas déjà trop marqués par leur affiliation à Natacha Bouchart et s’ils ne seront pas sanctionnés comme tels par les électeurs. Leur marge est infime. Le MSDC n’est pas un parti, c’est tout au plus le club des amis de Philippe Blet, et le MoDem n’a pas réussi à imposer sa différence et sa place centrale, ni sur le plan national ni sur le plan local. Il en est même très loin. Se démarquer, s’affranchir de la tutelle UMP… That is the question ! Plus qu’être ou ne pas être…

Une autre question se pose, de fond celle-là, pour l’OPH. La destitution de Michèle Courmont du dossier, quoique non-officielle, par Natacha Bouchart, laisse peut-être envisager un éventuel changement de statut pour l’OPH, qui pourrait devenir OPAC (non, pas de jeu de mots) ou être racheté ou passer sous tutelle de l’Etat. Simples suppositions, mais qui seraient lourdes de conséquences pour les locataires et les personnels du dit-office… qui pourraient passer sous contrat privé. A suivre donc, de tous côtés…