Pour vraiment comprendre pourquoi il est important de refuser l’implantation d’Eras Metal, il faut revenir sur la genèse du projet. En tant qu’adjoint à l’environnement de l’ancienne municipalité, je peux dire en connaissance de cause qu’Eras Metal n’a pas joué la transparence. A aucun moment. Voilà un projet qui déclarait s’inscrire dans une perspective de développement durable. De quoi séduire, en principe, les plus écolos d’entre nous, sur le papier en tout cas. J’ai donc remanié le premier projet de délibération en l’amendant de fortes réserves et de demandes précises, également reprises dans un courrier versé à l’enquête publique. Autrement dit, l’avis qui devait être formulé par l’ancienne municipalité le 8 février 2008 n’avait été rendu favorable qu’à la condition, pour Eras, de respecter les recommandations de la ville. Les réponses à nos questions ne sont jamais venues. Même pas une demande de rendez-vous pour en discuter. Puis sont arrivées les élections municipales un mois plus tard, la nouvelle équipe municipale a voulu, à juste raison, reconsidérer le dossier Eras et le conseil municipal du 25 juin 2008, à 45 voix pour et 6 abstentions, s’est réservé le droit de se « positionner défavorablement… en cas d’absence de garanties ». Finalement, une réunion a été organisée le 1er juillet 2009 avec les représentants de l’entreprise, où on a pu percevoir qu’il y avait peu d’évolution par rapport au projet initial. Sur le problème des boues chargées en métaux lourds, le rejet s’effectuerait toujours dans le Bassin Ravisse sans véritable traitement de la pollution. Sur la pollution atmosphérique, on ne peut pas grand-chose contre les dioxines et les furanes, qui ne peuvent être contrôlés en continu (Frédéric MODRZEJEWSKI de la DREAL ex-DRIRE a d’ailleurs confirmé ma remarque). Et le clou de la soirée aura été la non réponse d’Eras Metal sur la question du transport. J’avais en effet rappelé la nécessité d'éviter une rotation importante de camions en utilisant le rail. Penser que le développement économique passe obligatoirement par le développement du transport routier est une hérésie au regard de la crise écologique, du réchauffement climatique, et de l’épuisement des ressources naturelles. C’était aussi un problème de sécurité. Et c’était surtout l’une des recommandations les plus fortes de la municipalité, qu’Eras Metal a totalement ignorée. Evidemment ça ne crée pas un climat de confiance.

Je n’oppose pas l’environnement à l’économie. Mais je ne suis pas pour que notre économie calaisienne se spécialise dans les usines polluantes. Il n’y a pas de quota en ce domaine mais nous avons dépassé depuis longtemps le seuil du raisonnablement soutenable. Avec Eras, la somme des risques est supérieure aux impacts positifs. Regardons désormais vers l’économie verte, c’est une idée qui fait son chemin ; elle seule peut permettre le développement des PME et la création d’emplois durables dans le Calaisis. Ca ne sera pas une surprise. Je vous rejoins sur cet avis défavorable et je suis fier de pouvoir porter cette parole avec le Mouvement Démocrate qui s’est, très tôt, clairement positionné contre Eras.


Jean-Marc Ben